Mission du Groupe des Parlementaires pour l’Espace aux Etats – Unis 13-18 juillet 2015
Une délégation du Groupe des Parlementaires pour l’Espace (GPE), groupe interparlementaire présidé par la députée Chantal Berthelot depuis octobre 2014, s’est rendue en Mission aux Etats-Unis du 13 au 18 juillet 2015. La délégation était composée de M. Alain Gournac, sénateur et 1er vice-président du GPE, de Mme Geneviève Fioraso, députée, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de Mme Delphine Gillaizeau-David, secrétaire générale. La délégation était accompagnée de Monsieur Philippe Hazane, conseiller spatial à l’Ambassade de France aux Etats-Unis.
L’objectif de cette mission était d’échanger avec les partenaires américains institutionnels et privés sur les récentes évolutions du secteur spatial avec l’émergence de la New Space et de son corollaire, le « commercial Space ». Aux Etats-Unis, l’arrivée massive des acteurs et investisseurs privés dans le secteur spatial a été fortement encouragée depuis quelques années par le secteur institutionnel (Agences fédérales : NASA, NOAA et FAA), avec des financements croisés et des prix différenciés à l’export et sur le marché domestique. Cette mission était aussi l’opportunité de faire le point sur les développements en cours et à venir des constellations de satellites, avec une participation potentielle d’acteurs européens et français. Enfin, les missions d’exploration et leurs applications scientifiques, technologiques, industrielles ont été largement abordées, sur la base des projets en cours au sein de la station spatiale internationale, l’ISS.
A Washington, la délégation s’est rendue au Congrès pour échanger avec les Sénateurs et les Représentants membres des commissions chargées directement des activités spatiales. Des contacts ont été pris pour évoquer les coopérations franco-américaines dans le secteur des lanceurs, avec l’utilisation éventuelle du lanceur européen Vega comme back up pour les lancements de satellites institutionnels de défense et dans le domaine des constellations. La gestion des débris qui devrait revêtir une importance croissante dans les prochaines années, avec l’arrivée des constellations, a été abordée ; la délégation a constaté la grande sensibilité des parlementaires américains sur ce sujet. La création d’un organe autonome, chargé de réfléchir aux solutions sous l’égide de l’ONU, a été évoquée, mettant ainsi en avant le caractère nécessairement international de la gestion des débris spatiaux.
La délégation s’est ensuite rendue au John Kennedy Space Center où Janet Petro, directrice adjointe du Centre, a fait le point sur l’évolution des activités du Centre depuis l’arrêt de la navette spatiale, avec l’engagement du Commercial Crew Programm qui vise à transférer l’activité de transport spatial habité sur l’orbite basse vers le secteur spatial privé à bas coûts (Space X et Boeing principalement).
La délégation s’est ensuite rendue à Los Angeles pour une visite des entreprises privées Space X et Virgin Galactic et du Mojave Air and Space Port, premier centre international de test aérospatial pour les entreprises publiques et privées. La délégation a pu également mesurer le dynamisme du secteur spatial et du transfert de technologies du public vers le privé avec la visite de la start up GeoOptics, dirigée par un ancien expert de la NASA, financée par le privé, spécialisée dans l’acquisition des données météorologiques et qui développe une constellation de 24 satellites (programme CICERO Community Initiative for Continuous Earth Remote Observation). Ces développements se font en partenariat avec Virgin Galactic, présidée par Richard Branson, pour l’utilisation du futur lanceur LauncherOne et Tyvak Nano-Satellite System Inc, l’un des plus grands fabricants mondial de CubeSats, particulièrement intéressé par un partenariat avec l’Europe.
A l’issue de cette mission, le GPE sort renforcé dans ses convictions d’un secteur spatial américain en mutation rapide et complexe avec la multiplication d’acteurs nouveaux venant d’horizons très divers, générateurs à la fois de dynamisme, d’usages nouveaux (tourisme spatial, applications médicales, télécoms, environnementales, climatiques…) et de créativité. De son côté, la Nasa a été recentrée sur ses missions scientifiques et d’exploration lointaine.
Au moment où l’Agence Spatiale européenne (ESA), les agences nationales, en premier lieu le CNES, mais aussi les industriels et l’opérateur Arianespace trouvent un nouvel équilibre dans leurs responsabilités et prises de risques respectifs, en particulier dans le cadre de la préparation du nouveau lanceur Ariane 6, décidé à Luxembourg en décembre dernier, l’organisation mise en place par les Etats-Unis était particulièrement intéressante à découvrir, analyser et interroger. Cela aide l’Europe spatiale à trouver une voie qui assure son avenir, même si le modèle américain très intégré est difficilement reproductible en Europe. Cela conforte aussi le GPE dans son souhait de voir se développer davantage en France des services, des applications et des start-ups dans le secteur spatial, si stratégique pour le futur.