La commission d’experts, chargée par le président des Etats-Unis de passer en revue le programme américain pour les vols habités, a publié son rapport final octobre 2009.
Son analyse porte sur l’avenir de la navette américaine et de la station spatiale internationale, sur les lanceurs à développer pour acheminer équipage et matériel, ainsi que sur la stratégie à adopter pour le programme d’exploration humaine au-delà de l’orbite terrestre.
Elle constate que le programme américain d’exploration spatiale ne dispose pas des ressources suffisantes pour atteindre les objectifs fixés, à savoir un retour des astronautes américains sur la Lune à l’horizon 2020, préparatoire à une future mission d’exploration humaine sur Mars.
Il en résultera un retard d’au moins une décennie sur le programme d’exploration humaine dans son ensemble, sauf à augmenter le budget de la NASA de trois milliards de dollars par an.
Evolution remarquable de la politique spatiale américaine : la commission préconise d’impliquer davantage ses partenaires internationaux dans le futur programme d’exploration humaine.
Plusieurs scénarios sont élaborés, selon un budget constant ou en augmentation pour la NASA.
Concernant la station spatiale internationale, au regard du budget investi (environ 100 Md$), de la politique de coopération des Etats-Unis vis-à-vis de ses partenaires internationaux qui sont opposés à un arrêt dès 2015, et de la durée pour son exploitation à pleine capacité, les Etats-Unis devraient prolonger sa durée de vie jusqu’en 2020.
Concernant la navette, le dernier vol aura vraisemblablement lieu en 2011. Les Etats-Unis perdront leur autonomie pour envoyer des astronautes dans l’espace durant six à sept ans. La commission a également considéré la possibilité, moins probable, d’étendre la durée de vie de la navette jusqu’en 2015.
Par ailleurs, le comité d’experts a passé en revue les choix réalisés en matière de lanceurs pour l’exploration. Tout en réaffirmant la nécessité de disposer d’un lanceur lourd, ces derniers proposent de réorienter les développements en cours afin de rechercher des synergies. Elle fait part de sa préférence pour un lanceur unique pouvant assurer aussi bien des missions de transport d’équipage que de matériel. Cela signifierait l’arrêt du lanceur Ares I dédié au transport d’équipage en cours de développement. Elle souligne par ailleurs l’intérêt de développer un système de ravitaillement en orbite.
Dans l’hypothèse où la station spatiale internationale serait maintenue jusqu’en 2020, il est proposé qu’il soit fait appel au secteur commercial pour le transport des équipages. Il s’agit d’une approche inédite visant à réduire les coûts récurrents pour la desserte de l’orbite terrestre, mais soulevant une délicate question concernant la sécurité des astronautes.
Enfin, la commission aborde la question de la stratégie d’exploration lointaine, au-delà de l’orbite terrestre. Avec une histoire proche de celle de la Terre, Mars constitue sans conteste l’objectif le plus intéressant d’un point de vue scientifique. Le rapport confirme cependant le besoin de réaliser dans un premier temps des missions d’exploration humaine plus accessibles.
Le retour sur la Lune, tel que le prévoit le programme d’exploration Constellation, constitue une possibilité. Il s’agit d’une étape préparatoire à la conquête de Mars permettant d’acquérir l’expérience et les technologies nécessaires.
Toutefois, la commission propose une stratégie alternative appelée « voie flexible » qui, en sélectionnant des objectifs selon une difficulté croissante, permettrait d’acquérir le savoir-faire tout en réalisant de véritables premières, retenant ainsi l’intérêt du public. Il pourrait s’agir d’atteindre l’orbite lunaire, puis de rejoindre un point de Lagrange, d’atterrir sur un astéroïde passant à proximité de la Terre, de se mettre en orbite autour de Mars et enfin de se poser sur une lune de Mars.
Il appartiendra au président des Etats-Unis de se prononcer dans les prochains mois sur la stratégie à suivre.